Extrait de l'article d’Emilie Frenkiel, Directrice Adjointe du Laboratoire interdisciplinaire Hannah Arendt, publié le 26 août 2019.
Publié le 5 septembre 2019
Emilie Frenkiel :
« A Hongkong, la colère est attisée par le sentiment de ne pas être représentés »
La mobilisation de Hongkong reflète une crise de la représentation difficile à dénouer, explique la sinologue dans une tribune au « Monde ». Elle n’est pas sans rappeler le mouvement des « gilets jaunes » en France.
Le 6 août, une conférence de presse a été organisée « pour le peuple, par le peuple » sur le forum Internet LIHKG, outil central des mobilisations antigouvernementales et anti-Pékin, « pour contrebalancer le monopole du discours officiel sur les événements ». Les trois manifestants masqués ont voulu « faire porter leur voix sous-représentée au-delà des frontières », puisqu’on ne les écoute ni à Hongkong ni à Pékin.
Cela s’inscrit dans une guerre des images et des slogans déjà bien engagée. Les manifestations gigantesques de juin (le 16, elles ont rassemblé jusqu’à un tiers de la population) avaient d’abord rencontré le silence étourdissant du gouvernement central et des médias en Chine continentale. Les premiers commentaires avaient ensuite qualifié les mobilisations d’émeutes – les manifestants, de criminels – et minimisé leur ampleur et les revendications.