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Être dans le monde pour en prendre soin. Une perspective écophénoménologique sur l'éthique et la politique de l'environnement
GILLIAND, Christophe
Publié le 28 février 2019 – Mis à jour le 4 septembre 2020
Directrice de thèse : Corine Pelluchon
Résumé du projet de recherche
Cette recherche part d’un double constat prenant la forme d’une aporie dont nous chercherons à nous extraire. D’une part, l’existence de bouleversements environnementaux globalisés, engageant la responsabilité humaine, fait aujourd’hui l’objet d’un consensus scientifique indiscutable et relève du savoir populaire. D’autre part pourtant, les timides mesures mises en œuvre pour y faire face semblent indiquer que nous ne parvenons pas pleinement à saisir l’urgence, comme si, paradoxalement, l’environnement constituait un ailleurs. Dans une perspective utilitariste et anthropocentrée, les principes habituellement mobilisés pour motiver un changement dans nos comportements sont ceux de « gestion rationnelle des ressources », ou encore, de « responsabilité envers les générations futures ». Notre appartenance propre à la nature néanmoins, semble être largement occultée. En vue de pallier à ce manquement, ce projet de thèse mobilise les méthodes et les outils conceptuels de l’écophénoménologie pour éclairer les débats traditionnels de l’éthique environnementale et de l’écologie politique. Plus généralement, il participe à un courant de recherches, transversal au sein des humanités environnementales, visant à réinvestir nos expériences directes et concrètes de la nature afin d’en faire un vecteur de la transition écologique.
En explorant les couches signifiantes du réel qui se manifestent dans l’épaisseur du vécu, nous chercherons d’abord à reconnaître la relation de participation que nous nouons avec le monde et à comprendre la valeur d’autrui - qu’il soit humain ou non humain - comme émanant de cette relation. Sur cette base, et en recourant à la notion de « soin », nous verrons en quoi une éthique environnementale de la participation appelle à l’adoption d’un comportement vertueux induit de l’expérience de notre être-au-monde plus qu’à un ensemble de normes déduites à partir de théories morales. Dans un deuxième temps, pour déplacer notre réflexion du niveau individuel au niveau collectif, il s’agira d’examiner comment exprimer ce mode d‘être dans la sphère politique et comment concevoir notre participation citoyenne à une communauté de délibération dans la continuité de notre participation existentielle à une communauté de soin qui comprend les non-humains.
L’approche phénoménologique de la philosophie environnementale déployée dans cette recherche propose de nous extraire du débat entre réalisme et constructivisme pour explorer une troisième voie permettant de penser notre rapport au monde naturel de façon non dualiste. À partir de ce paradigme, ce travail vise à montrer comment conduire la philosophie environnementale en deçà de la pure spéculation théorique vers une véritable praxis de la durabilité. Prenant le contre-pied des approches gestionnaires (développement durable) comme des approches catastrophistes (autoritarisme vert), la transition écologique est envisagée dans la perspective d’une quête de la « vie bonne » tant au niveau individuel que collectif. Concrètement, le débat sur la valeur intrinsèque de la nature est examiné à nouveau frais et la valorisation de la nature est appréhendée à partir d’un modèle relationnel qui place le mode d’être de la participation sensorielle au monde naturel en son centre. Ensuite, pour articuler éthique et politique de l’environnement de façon cohérente, la participation politique de l’individu à la collectivité (élargie aux non-humains) est envisagée dans la continuité de sa participation sensorielle au monde.
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